Qu’est-ce qui relie des artistes aussi divers qu’Ella Fitzgerald , Samara Joy , Louis Armstrong , Diana Krall et Jamie Cullum ? C’est un amour commun pour le Great American Songbook. Ce « songbook » n’est pas un livre physique, mais un recueil fluide et vague de chansons – principalement des années 1920 aux années 1960 – célébrées pour leur humour lyrique, leur romantisme, leur sophistication musicale et leur charme intemporel.

Aux origines d’un répertoire typiquement américain

Les origines de ce répertoire remontent à la « Tin Pan Alley », centre dynamique de la scène musicale et éditoriale new-yorkaise à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Nombre de ses compositeurs étaient des immigrants de formation classique ou des enfants d’immigrants, apportant avec eux des traditions européennes mêlées au jazz, au blues et aux airs de spectacle américains. Leurs œuvres ont jeté les bases des comédies musicales de Broadway, des big bands et d’une grande partie de la musique populaire moderne.

Cette diversité a donné à la musique une saveur typiquement américaine. Pensez à Duke Ellington , Dorothy Fields, Harold Arlen, Cole Porter — quelques-uns des créateurs d’un répertoire musical qui continue d’influencer la musique d’aujourd’hui. La magie de ces chansons exprime toute la palette des émotions humaines en quelques minutes seulement… Joie, nostalgie, chagrin, désir…. Envie de jubilation ? « Get Happy » d’Arlen est parfait. En manque de quelqu’un ? Essayez « Someone to Watch Over Me » des frères Gershwin. Un être cher vous manque ? « I’ll Be Seeing You » de Sammy Fain vous touche toujours.

Le Great American Songbook : toujours d’actualité

Ce ne sont pas de simples pièces de musée. Leurs arcs émotionnels et leur force mélodique les rendent infiniment adaptables, ce qui explique leur prédilection auprès des chanteurs, des instrumentistes et des arrangeurs. De la chaleur rocailleuse de Louis Armstrong au phrasé décontracté de Diana Krall, de l’optimisme entraînant de Samara Joy aux interprétations audacieuses de Sarah Vaughan, de nombreux artistes continuent de trouver des façons inventives de les réinterpréter.

Et le répertoire du « songbook » n’est pas seulement ancré dans le passé ; il continue d’évoluer. Par exemple, l’album « The New Standard » (1996) d’Herbie Hancock réinvente des voix contemporaines, comme Stevie Wonder, Lennon & McCartney, Prince et Sade, à travers le prisme du jazz. L’interprétation de « Oh Happy Day » par Quincy Jones (1969) transforme un classique du gospel en un groove absolu, vous invitant à lever les mains en l’air.

Par où commencer ?

Alors, par où commencer ? Commencez par les albums « Songbook » d’Ella Fitzgerald ; ils restent la référence absolue : une véritable leçon de phrasé, de swing et d’interprétation. À travers elle, vous explorerez les œuvres de Jerome Kern, Rodgers and Hart et Johnny Mercer, entre autres. Si vous découvrez le Great American Songbook, ces albums sont parfaits pour débuter.

Mais si vous cherchez un morceau pour vous lancer, voici quelques suggestions de chansons à explorer. Sur l’album « Great Woman of Song », Carmen McCrae aborde la chanson « Love Is Here to Stay » de Gershwin avec un swing décontracté, détendu et évocateur.

L’interprétation par Billie Holiday de « A Foggy Day », un autre morceau de Gershwin, sur son album « Songs for Distingué Lovers », produit par Norman Granz, fondateur de Verve, débute avec mélancolie avant de progresser avec assurance et un individualisme joyeux. L’interprétation par Samara Joy de « You Stepped Out of a Dream », un morceau des années 1940 de Nacio Herb Brown et Gus Kahn, initialement présenté dans le film « Ziegfeld Girls » de 1941, qu’elle interprète sur son album « Portrait », le modernise avec des accents bossa nova.

Écoutez la version live de « Let’s Face the Music and Dance » d’Irving Berlin sur « At The Hollywood Bowl » d’Ella Fitzgerald, qui met en valeur les tons plus riches de sa voix tandis qu’elle caresse délicatement chaque parole du premier couplet. Ajoutez à votre liste l’album « All For You (A Dedication To the Nat King Cole Trio) », de Diana Krall, qui s’attaque au entraînant « Hit That Jive Jack », démontrant ainsi sa polyvalence en tant que pianiste et chanteuse.

Et ce ne sont pas seulement les Américains qui ont façonné le répertoire musical. La comédie musicale « The Roar of the Greasepaint – The Smell of the Crowd » du duo d’auteurs-compositeurs britanniques Anthony Newley et Leslie Bricusse comprenait la chanson « Feeling Good », qui devint plus tard l’un des titres phares de Nina Simone, apparaissant pour la première fois sur son album « I Put a Spell on You ».

Si vous êtes plutôt instrumental, vous ne pourrez pas vous tromper avec l’interprétation légendaire de « My Favourite Things » de Hammerstein et Rodgers par John Coltrane, avec Eric Dolphy et enregistrée en direct au Village Gate, capturant l’énergie et l’intensité de ce concert. Pour un son plus doux, Chet Baker, dans « Paris Vol. 2 », offre son interprétation envoûtante du morceau de Gillespie et Coots « You Go To My Head ».

Et ce n’est que le point de départ ! Il y a tant à découvrir dans le Great American Songbook. Plongez-y, vous ne le regretterez pas. Bonne écoute !

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Jumoké Fashola est un journaliste, animateur et chanteur qui présente une gamme de programmes artistiques et culturels sur BBC Radio 3, BBC Radio 4 et BBC London.

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_{Image d’en-tête : Billie Holiday, Downbeat, New York, NY, vers février 1947. Photo : William P. Gottlieb / Collection du Fonds Ira et Leonore S. Gershwin, Division de la musique / Bibliothèque du Congrès.}